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c h a r g e m e n t

Le tatouage, une signature ?

À CONTRE-TEMPS

Par Vincent Painchaud

Un homme avec un tatouage sur le bras

Photo: WALLACE CHUCKS/PEXELS

D

ans un reportage de Radio-Canada en avril, des tatoueurs déploraient que leur art soit en perte de popularité auprès des jeunes. On invoque des considérations économiques, mais cette explication ne suffit pas, de leur propre aveu. Un changement de mentalité semble s’opérer.

Parchemin intime

Le tatouage a revêtu différentes significations dans l’histoire et dans le temps. Il pouvait servir de marqueur identitaire signalant une appartenance tantôt à une tribu ou un clan traditionnel, tantôt à un groupe criminalisé se barbouillant derrière les barreaux pour se distinguer de ses rivaux. Avec la montée de l’individualisme dans nos sociétés, le tatouage est ensuite devenu un vecteur d’expression personnelle.

Notre personne est vue comme une œuvre d’art, la peau est ce parchemin sur lequel nous traçons à la vue de tous les valeurs qui nous habitent, le récit de nos vies. Certains tatouages sont demandés à la suite d’un événement marquant, justement pour signifier que nous en sommes marqués, que cela fait désormais partie de notre identité. Comme autrefois les marins se faisaient tatouer pour être reconnus une fois repêchés, en cas de naufrage, il y a toujours cette volonté d’être reconnus pour qui nous sommes, dans la mer d’anonymes qui nous entoure.

Vivre en permanence

Est-ce que la jeunesse ressent moins ce besoin de reconnaissance, ou bien le vit-elle autrement ? Marqueurs identitaires collectifs ou individuels, certains motifs trop génériques peuvent également trahir notre âge, notre milieu socioéconomique ou simplement notre manque d’imagination : le tatouage est permanent, la mode est éphémère.

« Pour un mort, vous ne vous ferez pas d’incisions sur le corps. Vous ne vous ferez pas faire de tatouage. Je suis le Seigneur » (Lévitique 19,28). Plusieurs commandements du Lévitique sont à prendre avec des pincettes, dans la mesure où ce même livre proscrit (19,19) de porter des vêtements tissés de deux fibres différentes. L’Église n’interdit en rien le tatouage, bien que certains milieux ecclésiaux plus conservateurs s’en méfient. Le lien avec un culte des morts donne peut-être la signification suivante au verset biblique susmentionné : si aujourd’hui nous sommes vivants, la personne que nous étions il y a 10 ou 20 ans ne l’est plus nécessairement. Nous sommes invités à grandir de corps et d’esprit : est-ce que nos tatouages sont capables de grandir et de vivre avec nous, ou bien risquent-ils d’être l’inscription d’un mort, de valeurs et de symboles qui ne sont plus les nôtres ?

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