La fête de l’Assomption de Marie est célébrée au cœur de l’été. Qu’en est-il de ce dogme qui a été proclamé par le pape Pie XII le 1er novembre 1950 ?
a fête de l’Assomption de Marie rassemble des foules dans les grands sanctuaires marials partout dans le monde. Je pense au Pèlerinage national en France qui se déroule durant trois jours à Lourdes. J’ai lu dans un article d’un magazine catholique français que la fête de l’Assomption est la « Pâques » de l’été. Ce qualificatif m’a fait sourciller. Un jour, j’ai entendu un évêque québécois parler de « résurrection de Marie » dans une homélie prononcée au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap. Cet évêque devrait relire le texte de la proclamation du dogme.
Le dogme
La constitution apostolique Munificentissimus Deus définit ainsi le dogme :
Nous affirmons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la vie céleste.
La proclamation ne parle pas de résurrection. Le théologien Michel Wackenheim explique : « On remarquera que le passif “a été élevé” diffère de l’actif “est monté” de l’Ascension du Christ. Par ailleurs, la définition de Pie XII ne dit pas “au ciel”, mais “à la gloire céleste”. Affirmant un changement d’état du corps de Marie qui se trouve unie au corps glorieux de son fils. »
Un long développement
La proclamation du dogme de l’Assomption fait suite à une longue histoire qui débute vers le 3e siècle avec un texte apocryphe qui a pour titre la Dormition de Marie. Le terme de « dormition » désigne dans la tradition chrétienne les derniers instants de la vie terrestre de Marie. Ce texte décrit la mort de Marie en utilisant le langage du merveilleux. Il raconte comment le corps de Marie fut transporté au ciel par les anges Michel et Gabriel sur les ordres du Seigneur : « À peine arrivé au Paradis, ils déposèrent le corps de Marie sous l’arbre de vie. Michel apporta son âme sainte et ils la déposèrent dans son corps. »
Le dogme de l’Assomption est en lien avec celui de l’Immaculée Conception. Les premiers chrétiens ont développé la tradition voulant que celle qui n’a pas connu la corruption due au péché ne pouvait pas connaître la corruption de la mort. Le texte du dogme s’appuie sur ce raisonnement : « L’auguste Mère de Dieu, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine maternité, généreuse associée du divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre. »
La fête de l’Assomption arrive à Rome au 7e siècle. Il a fallu attendre la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception en 1854 par le pape Pie IX pour que les fidèles et les évêques demandent au pape de proclamer le dogme de l’Assomption de Marie. On dit que de 1854 à 1945, huit millions de fidèles ont écrit à Rome à ce propos. Le pape Pie XII demande l’avis des évêques en 1946. La presque unanimité des évêques de l’époque réclament ce dogme. Seulement six évêques émettent des doutes sur le caractère révélé de l’Assomption de Marie. (Source : La Croix, 11 juillet 2003).
Une femme tournée vers Dieu
Ce dogme ne fait pas l’unanimité chez les chrétiens. Les protestants n’y adhèrent pas parce que ce dogme n’a pas de racines bibliques. En revanche, l’Église orthodoxe célèbre la fête de la Dormition de Marie. Le père Emmanuel Gougaud, spécialiste de l’œcuménisme, indique que les orthodoxes insistent sur la douceur de la mort de Marie : « Elle est tournée vers Dieu, comme durant sa vie. Elle sait que Jésus l’accueillera dans le Royaume de Dieu. » Pour les orthodoxes, « seul un concile peut définir un dogme. Ils ne reconnaissent pas au pape Pie XII la légitimité de définir ce dogme. » La Conception de Marie n’est pas vue de la même manière que chez les catholiques. Gougaud poursuit : « Le dogme de l’Immaculée Conception dit qu’un privilège divin a épargné Marie du péché originel. L’orthodoxie affirme qu’il n’y a pas eu de privilège dans la conception de Marie. Avec l’aide de la grâce, la Mère de Dieu s’est gardée toute sa vie pure de tout péché personnel. Marie a partagé le sort commun de l’humanité, y compris dans la mort. »
« Marie […] a été élevée en corps et en âme à la vie céleste »
Quel sens faut-il donner à l’Assomption de Marie ? Le Catéchisme pour adulte de l’Église allemande propose cette réponse : « Marie est un modèle de rayonnement de l’espérance authentiquement chrétienne. C’est une espérance pour l’être humain dans sa totalité. La chair est sauvée. Elle sera délivrée des pesanteurs de la matière terrestre et transfigurée à l’image du Christ en participant à la gloire de Dieu. En Marie se trouve concrétisée l’espérance de tous les chrétiens. »
Notre Infolettre
Soyez à l'affût des nouveautés.
En vous inscrivant, vous consentez à notre politique de confidentialité.

À l’écoute de ceux qui n’ont pas la parole
Jusque-là supérieur provincial des Franciscains du Canada, Pierre Charland a été ordonné évêque de Baie-Comeau en mai dernier. Dans un esprit synodal, il souhaite donner la parole à ceux qui ne l’ont pas d’habitude en Église et être à leur écoute.

Délivrer les captifs d’aujourd’hui
Fondé il y a plus de 800 ans, l’Ordre des Trinitaires, présent chez nous notamment à Granby, poursuit dans la société moderne sa mission de libération des captifs.

La chaleur de l’ermitage
Beaucoup de lieux de retraite spirituelle chez nous, notamment les monastères, proposent aux retraitants de petits ermitages pour y vivre un moment de solitude et de silence, à l’écart du tumulte de la vie d’aujourd’hui.